6 étapes pour mieux s’entendre


Pour bien communiquer, mieux vaut faire appel à son intelligence relationnelle. La psychanalyste Barbara Mattison propose six clés pour mieux s’entendre, soi comme l’autre, au sens propre comme au figuré.

Prendre en compte la situation

Il n’y a pas d’intelligence sans capacité de s’adapter. Or, toute interaction ne concerne pas seulement deux individus ou un groupe d’individus, mais s’inscrit dans un environnement et une temporalité. « Il s’agit ici d’intelligence situationnelle, qui, avec l'intelligence émotionelle est le support de l’intelligence relationnelle, cette aptitude à comprendre les jeux entre les acteurs au sein même du système dans lequel ils évoluent. » Pour avancer : assurez-vous que les circonstances sont optimales. « Avant d’interagir, essayez toujours de tenir compte du contexte : “Est-ce le bon moment, le bon endroit ?” Vérifiez aussi que vous vous adressez à la bonne personne, puisqu’il n’est pas rare de tomber sur son collègue ou ses enfants quand c’est à son supérieur qu’on voudrait dire ses quatre vérités ! »

Ecouter

Souvent dans notre monde, nous n’accordons pas naturellement une place à l’autre. Pourtant, nous gagnerions à l’écouter, le regarder, avant d’oser des paroles ou des actes. « Il ou elle est forcément différent.e et n’a pas le même point de vue. Son histoire est singulière et ses besoins, ses croyances, ses valeurs sont peut-être très éloignés des vôtres. » Pour avancer : s’éloigner de la projection. Nous ne pouvons ni lire dand less pensées de l'autr ni plaquer nos émotions sur les siennes. « Évitez les étiquettes (lui, c’est le râleur ; elle, je sais ce qu’elle va dire). Puis essayez d’adopter une posture d’écoute active : faites taire votre dialogue intérieur et ayez en tête une page blanche. Enfin, entraînez-vous à reformuler ses propos : “Ce que je comprends de ce que tu dis, c’est…” »

S’exprimer

L'affirmation de soi est aussi une clé. Nous devons nous ouvrir à l’autre. « Mais pas n’importe comment, au risque de tomber dans une logique de contrôle. S’exprimer, c’est dire quelque chose de soi, à partir de ce que l’on perçoit de la réalité. » Nous avons tous nos filtres, cognitifs et émotionnels. Pour avancer : rester à sa place. « Évitez de dire : “Tu m’agaces !” Mais parlez en votre nom : “Je suis agacé.” La communication non violente (CNV) est très efficace pour se lancer dans un échange constructif : commencez par évoquer les faits, sans jugement, opinion ou commentaire ; puis exprimez vos émotions (la colère, la frustration…) ; poursuivez en parlant de vos besoins (de sécurité, de reconnaissance…) ; et terminez en proposant une solution – pratico-pratique ! – que l’autre sera libre d’accepter ou de refuser. » Il fera alors une proposition, et un vrai dialogue pourra s’engager.

Intégrer les malentendus

De la rencontre de deux êtres par nature très différents naît une foule de couacs. Parce qu’on n’ose pas dire les choses, parce que l’autre y réagit… «Le message parfait n’existe pas. Nous n’avons que des mots pour décrire la réalité et nous comprendre. Il ne faut donc pas nous attendre à être reçus cinq sur cinq. » Pour avancer : partir du principe que l’autre parle une langue étrangère. « Si vous communiquiez avec une algérienne ou un italien, vous chercheriez à saisir le sens de ses propos sans vous arrêter sur tel ou tel mot. Si elle ou il vous dit que vous l’agacez, allez plus loin : “C’est quoi, l’agacement, pour toi ?” Mieux vaut considérer que les malentendus sont inévitables et identifier leur origine. » C’est ainsi que nous avancerons vers une construction commune de sens.

Oser la générosité

La relation n’est pas seulement faite de malentendus et de conflits, fort heureusement. L’idée est de nous engager sur la voie du respect, mais aussi, et peut-être même surtout, de construire les bases de la confiance, de procurer du plaisir, de susciter l’enthousiasme chez l’autre. « Appelons cela le charisme ! On le croit souvent inné, mais il se travaille et se développe. » Pour avancer : donner. L’intelligence relationnelle repose sur un échange qui s’inscrit sur le long terme. C’est un double mouvement : donner et recevoir. « Vous pouvez apprendre à recevoir, mais surtout apprendre à donner plus aisément – sans attendre de réciprocité, au risque de frôler le marchandage. Rappelez-vous ce que vous aimez chez l’autre quand vous êtes en lien, osez le lui dire ou l’exprimer avec un sourire, un regard, une douceur dans la voix. La communication n’est pas seulement verbale. »

Savoir prendre de la distance

Mus par le désir de maintenir la relation, nous nous acharnons parfois à trouver une solution quand le contact passe mal. « C’est humain, mais ce n’est pas toujours possible. Quand l’autre fait preuve d’agressivité, de mauvaise foi, d’inertie, gardez à l’esprit vos limites et sachez vous protéger. » Pour avancer : sortir du fantasme de l’harmonie. « Aspirer à vivre à l’unisson est une illusion, croire que vous avez le pouvoir de ramener l’autre à de meilleurs sentiments est une impasse. Vous ne pouvez pas vous entendre avec tout le monde. Il faudra parfois accepter que la séparation soit la meilleure des solutions, ponctuelle ou franche. » L’intelligence relationnelle, c’est aussi la capacité à prendre de la distance et du recul. Pour mieux revenir vers l’autre. Ou à soi.